Pierre BARBIZET


 

Pierre Barbizet (pianiste)Pierre Barbiezet

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 Hommage à Pierre BARBIZET Pierre Barbiezt

Bonsoir !Simplement je veux vous dire ce que fut pour moi Pierre Barbizet. La parole et le mot avaient pour lui autant d’importance que le son et la note.

Mon attachement à Pierre Barbizet vient de toujours. Il a pris la forme d’une fidélité qui n’est pas seulement ce sentiment de devoir et de partage qui font ou défont les liens amicaux et autres , il s’identifie à un comportement, à une attitude dont, peut-être plus que quiconque, j’avais besoin lorsque je l’ai connu. Pierre Barbizet savait que la richesse d’in individu ne se mesure pas uniquement à son palmarès ou à sa réussite publique. Il m’a écouté, il m’a perçu, il m’a deviné, malgré moi.

Pierre Barbizet était un enchanteur. Un cours avec lui déviait très vite des rives de la leçon de piano habituelle à celles d’un océan d’improvisation. Son œil multiple, sa voix tour à tour caverneuse et solaire emplissaient un univers fait d’attente et de surprise. Car, s’il parlait, bien sûr, piano et musique, il semblait s’en écarter s’égarant merveilleusement en littérature, en peinture, en philosophie, pour revenir peu après sans digression au premier sujet. En plus des compositeurs qu’il affectionnait, cet homme cultivé m’enthousiasmait en évoquant  Molière, La Fontaine, La Bruyère, Marivaux, Musset , Claudel, dont il parlait avec autant d’érudition que de passion.  Aussi lorsque moi, le marginal, l’autodidacte, je décidais, après qu’il nous eut quittés, de retourner à mes premières amours en combinant théâtre et musique en des spectacles dont je fus le premier surpris, je ne pouvais pas ne pas penser à Pierre Barbizet, pianiste magnifique, pédagogue d’exception, comédien aux mille facettes révélées au quotidien. Il aurait, je le sais, savouré ce mariage théâtro-musical. En jouant pour lui ce soir, au sens double et le plus fort,  je me retrouve à nouveau, pour mon bonheur, en cours prestigieux avec mon maître  que je n’ai jamais cessé d’ admirer, de  remercier, en un mot d’ aimer.

Edouard EXERJEAN
Théâtre du Gymnase Marseille le 17 Janvier 2010

17 Janvier 2010
 Hommage à Pierre BARBIZET
par
 Edouard EXERJEAN, pianiste et conteur
         Miguel Zamacoïs : Le Chapeau au théâtre
         Paul Fort : Le bonheur est dans le pré
         Francis Poulenc : Pastourelle
Jean de La Fontaine : Le Héron La Fille
        Jean Anouilh : La Cigale
        Mozart : Final de la Sonate K.570 (Allegretto)
        Jacques Prévert : Page d’écriture 
        Emmanuel Chabrier : Feuillet d’Album 
        Jean Cocteau : Le Menteur
 Francis Poulenc : Villageoises
Pour « LE CHANT D’UN PIANO »En ce matin calme, et, avant de retrouver le cher Cocteau, je profite d’un peu de silence en moi et autour de moi pour te parler du « Chant d’un Piano ». Ce chant-là est un chant d’amour ininterrompu, et j’ai fait le voyage avec toi tout au long de ces pages qui revêtent pour moi – témoin d’une partie de cette magnifique « histoire » – une signification sentie et émue.Ce livre n’est plus « un défi » comme tu l’écris en préface. Il est le témoignage et la relation d’une vie d’amour avec ses enthousiasmes et ses secousses, celle d’un homme au tempérament volcanique qui fit de son existence une musique éternelle et de sa musique l’instrument de toutes ses séductions ! Il est aussi ceux d’une femme éprise, envoûtée mais lucide et dont l’amour passionné et attentif a façonné tout au long de ce partage sa propre musique, tour à tour ardente admiration, plainte et fidélité au sens « anormal » du mot ! Le dernier chapitre « Do et Da » révèle tout pour qui sait comprendre !

Quant à toutes les évocations pédagogiques auxquelles je n’ai jamais cessé de me référer comme pédagogue et interprète, elles gardent une actualité qui fixe à jamais les vrais critères de l’enseignement de la musique. Il serait bon et urgent que les jeunes y réfléchissent pour bien se persuader que l’apprentissage de l’art sous toutes ses formes – ici le piano et la musique – ne procède pas d’un catalogue de recettes mais d’un savoir au service d’une invention sans limite !

En guise de postface, je te dirai qu’en te lisant, on vous aime tous les deux davantage encore !

Et me viennent à l’esprit ces deux vers de Musset extraits de « La Nuit de Mai », décrivant tout ce qui fait la spontanéité, la sincérité et l’émotion de ces pages authentiques :

« Les chants désespérés sont les chants les plus beaux
Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots ».

Je t’embrasse avec mon inusable affection ! « Ton » Petit Garçon

Edouard EXERJEAN Marseille, le 24 Janvier 2010