Festival d’Aix-en –Provence
L’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée
La tradition aixoise de faire entendre en clôture du Festival l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée reste chaque année un rendez-vous convivial. La jeunesse de ses musiciens venus de tant de pays du bassin méditerranéen est toujours l’occasion de rencontres attachantes. Néanmoins la cuvée 2015 ne semble pas avoir été le bon cru espéré. Est-ce la difficulté des œuvres, un manque de répétitions ? Au programme, Verdi et Mahler encadrant le Concerto Grosso de la compositrice serbe Ana Sokolovic. Après son opéra remarqué « Svabda » donné au Festival, cette pièce symphonique fait la part belle à l’orchestre. Inspiré de Beethoven et Rossini, comme le précise Ana Sokolovic, ce Concerto Grosso rappelle déjà par son titre la prédilection haendélienne pour un genre musical si prisé au XVIIIème siècle. De forme classique (vif-lent-vif), de ses références au grand répertoire et à la création contemporaine résulte un accomplissement tout à fait cohérent. Très beau traitement des cordes, des vents et des cuivres donnant à l’œuvre sa plénitude dans sa diversité d’inspiration : « une musique simplement humaine qui cherche avant tout à communiquer le plaisir que la musique me procure ». Ana Sokolovic a tenu son pari avec autant de métier que de conviction. C’est peut-être là que l’OJM s’est senti le plus à l’aise sous la direction attentive de Carlo Rizzi. L’Ouverture des « Vêpres Siciliennes » de Verdi et surtout la 4ème Symphonie de Mahler n’ont pas toujours trouvé les interprètes qu’on attendait. Pas assez de passion dans l’expression chez les violoncelles dans Verdi et, pour Mahler, souvent des mises en place imprécises et une justesse approximative selon les pupitres. Le tissu symphonique de Mahler nourri de débordements intenses ou de pages si méditatives nécessite une mise en valeur très détaillée de son foisonnement sonore que seul le temps peut apprivoiser. Cependant le beau succès remporté prouvant que jeunesse et espérance sont inséparables, l’OJM 2015 trouvera son plein épanouissement au cours de sa tournée qui le conduira de Marseille à El Jem en Tunisie en passant par Avignon, Athènes et l’immortelle Epidaure.
Edouard Exerjean